Otto et Gaston Müller, architectes suisses à Nevers Itinéraire réalisé avec le site internet www.itineraires-caue.fr

Commune de départ : NEVERS
Commune d'arrivée : NEVERS
Distance : 6,500 km

Otto Müller, né en Suisse en 1895, passera sa vie en France, à Nevers, où il réalise l'essentiel de son oeuvre avant de décéder en 1974. Architecte engagé, sa production atteste sans compromis de l'évolution des courants caractérisant son époque.

Ses plans structurés, les rapports des pleins et des vides, l'emploi de la couleur pour souligner la composition, la prise en compte du paysage par une insertion affirmée de l'architecture et l'utilisation structurelle du béton armé comme expression plastique au service du programme sont des constantes de son oeuvre qui témoignent d'une modernité assumée et intemporelle.

 

Pour aller plus loin, découvrez le livre réalisé par le CAUE : O. et G. Müller, architectes suisses dans la Nièvre 1924-1968

Cet itinéraire est composé des points d'intérêt suivants :


1
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Villa de M. Mauguière

13 Route des Saulaies

58000 NEVERS


2
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Immeuble d'habitation pour la S.I. "La Chaumière"

49 Avenue Général de Gaulle

58000 NEVERS


3
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Immeuble d’habitation S.I. “R.R.R.”

26bis rue Pierre-Bérégovoy

58000 NEVERS


4
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Villa de M. Drugeon

42 Rue Molière

58000 NEVERS


5
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Villa de M. Zaremba

20 rue du Général-Lespinasse

58000 NEVERS

Villa de M. Mauguière

Située en frange de ville, sur un coteau abrupt orienté plein Sud, face à la Loire, cette maison reste d’une insolente modernité !
Elle s’empare du site, tel un défi, avec force et radicalité.

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  • Architecture
  • Thème(s)
  • Architecture moderne et contemporaine
    Habitat
  • Adresse
  • 13 Route Des Saulaies
    58000 - NEVERS
  • Concepteur(s)
  • MULLER Otto - architecte
  • Période
  • 20e siècle (1959)
  • Présentation
  • Située en frange de ville, sur un coteau abrupt orienté plein Sud, face à la Loire, cette maison reste d’une insolente modernité !
    Elle s’empare du site, tel un défi, avec force et radicalité.
    Ancré à mi-pente pour mieux jouir du panorama, ce cube blanc et lisse rayonne sur trois faces.
    Adossé contre un mur de moellons aveugle, parallèle au mur de soutènement du talus, enterré sur environ 5,3 m, il s’érige sur trois niveaux, sur une hauteur de 7,8 m.
    Le rez-de-jardin dessert les locaux de service, cave, chaufferie, lingerie et une terrasse abritée, le premier étage regroupe la vie diurne avec l’entrée, la cuisine, le living et la bibliothèque, le 2e étage correspond à la vie nocturne avec trois chambres et une salle de bain. La base du parallélépipède est de 10,85 m de long par 8,28 m de profondeur soit 90 m2 hors oeuvre.
    Les murs de façades avec un refend intérieur sont porteurs. Les planchers et la couverture sont des dalles béton.
    Les murs en soubassement sont en moellons appareillés ainsi que le mur et poteau porteurs de l’escalier extérieur.
    Par l’évidement des coursives, loggias, baies vitrées, renforcé par des aplats judicieux de couleurs (carrelage orange et enduits beiges en façade, peinture bleue en sous-faces de dalles), l’architecte crée un jeu de lignes horizontales contrasté avec les bandes blanches et lisses des garde-corps et acrotères en voiles béton peints.
    Pour renforcer cet effet, il augmente la hauteur de ces voiles en les re- doublant en acrotère ou en augmentant la retombée en sous face de dalle des garde-corps, effaçant ainsi les épaisseurs des linteaux de baies. De façon simple et élégante, en continu, le voile du rez de l’entrée se retourne et suit l’escalier en zig zag pour rejoindre le jardin en contrebas, tel un contrepoint. L’effet plastique recherché en façades prime sur la lisibilité de la structure.
    On pense aux “villas blanches” de Le Corbusier des années 1920, à ses “boites en l’air” avec leurs fenêtres horizontales et leurs rampes élancées, mais on reste en dehors de sa problématique des “façades libres”.
    La référence au mouvement “De stijl” peut aussi se justifier par l’importance accordée à la composition asymétrique des surfaces de matières et de couleurs différentes en façade. Chaque niveau de vie bénéficie de terrasses à l’abri des regards et les orientations sont différentes pour disposer à loisir de l’ombre ou du soleil. La maison toute entière s’ouvre au paysage de la Loire qui la pénètre dans un échange d’énergie dynamique.
    A l’intérieur, on remarque des détails d’aménagement comme les éclairages indirects par des gorges façonnées en plafonds ou au-dessus de placards, l’ameublement fonctionnel de la cuisine étroite où l’on ne mange pas, l’escalier en terrazo sans contre- marches, porté par un limon central, avec un garde-corps métallique très ajouré, espace de liaison ouvert et vivant.
    Depuis la rue, le jardin est conçu avec soin pour que le cheminement en pente jusqu’à la maison se gravisse aisément, par paliers successifs, agrémenté de talus plantés.

Immeuble d'habitation pour la S.I. "La Chaumière"

Face à l'agence MÜLLER, dans le profil rectiligne de l'ancienne avenue de la Gare, terne et calibrée par la Reconstruction, avec une
 hauteur moyenne de 4 à 5 niveaux et
 des toitures à deux pans en ardoise, cet immeuble de béton blanc, orthogonal, haut de six étages couverts par une terrasse, avec des loggias, des balcons en saillie et des claustras, se verrait mieux intégré dans une station balnéaire !

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  • Architecture
  • Thème(s)
  • Architecture moderne et contemporaine
    Habitat
  • Adresse
  • 49 Avenue Général De Gaulle
    58000 - NEVERS
  • Concepteur(s)
  • MULLER Otto - architecte
  • Période
  • 20e siècle (1961)
  • Présentation
  • Face à l'agence MÜLLER, dans le profil rectiligne de l'ancienne avenue de la Gare, terne et calibrée par la Reconstruction, avec une 
hauteur moyenne de 4 à 5 niveaux et
 des toitures à deux pans en ardoise, cet immeuble de béton blanc, orthogonal, haut de six étages couverts par une terrasse, avec des loggias, des balcons en saillie et des claustras, se verrait mieux intégré dans une station balnéaire ! Cependant, un recul de 3-4 mètres par rapport à l'alignement, atténue sa hauteur dominante, le repositionnant dans l'axe des faîtages.
    L'ensemble se compose de deux blocs d'habitation, au dessus d'un rez-de- chaussée de commerces. Refermant un îlot urbain, il est bordé par trois voies. Les commerces suivent le tracé des voies, tandis que les logements sont en retrait, articulés en angle droit.
    Un vide de 50 cm sépare le plancher haut des commerces de la première dalle des logements, allégeant ainsi l'assise des immeubles.
    A l'arrière du bloc principal de 6 étages sur l'avenue, un bloc de 3 étages lui est contigu et se retourne rue Claude-Tillier. Au total, l'immeuble regroupe 34 logements, du T4 au T1.
    Au coeur du projet, un vaste hall vitré donnant sur un patio, distribue tous les logements. On y accède par deux entrées depuis l'avenue du Général-de-Gaulle et la rue Vertpré. Cet espace de circulation, généreux dans ses dimensions, vitré sur toute la hauteur de façade, est remarquable par la qualité de son traitement. Le revêtement de sol du rez-de-chaussée est en marbre blanc et cabochons noirs. Un large escalier à claire-voie composé de marches en terrazo noir portées par un limon central en béton blanc et d'un garde-corps ajouré de fins barreaux de métal et bois, nous guide aux étages. Les paliers suivants sont en dalles de terrazo blanc et noir. Les trois premiers paliers desservent chacun 7 logements. Les trois derniers se réduisent en surface et n'en desservent plus que 4. La trémie est décalée et des percements aléatoires, petits rectangles ou carrés, animent la paroi devenue extérieure sur ces trois niveaux. En plafond, le long des portes d'entrée, des petits luminaires en laiton doré s'encastrent dans un bandeau de bois. Du haut en bas, les murs et plafonds sont blancs. Cette conception simple mais soignée a permis de faire de cet espace collectif un lieu convivial, dynamique, lumineux. Les nombreuses plantes installées par les habitants confirment son agrément.
    Si la structure porteuse en béton de l'immeuble est classique (poteaux-poutres et dalles en sous-sol et rez-de-chaussée, refends en étages), les façades jouent la complexité. Elles mixent les murs rideaux à ossature en aluminium et allèges en verre coloré ou blanc, les murs blancs en béton plein, les loggias et les bal- cons en porte à faux. Toutes les menuiseries sont en aluminium. A nouveau, l'architecte décline un jeu de mises en oeuvre des garde-corps en saillie : en voiles béton, pleins ou en partie évidés d'un rectangle, plaqués devant les abouts de dalles, comme sus- pendus, décollés de la façade par des garde- corps transparents en retour, ou reliés verticalement par des claustras en béton ou de légers refends, de longueurs différentes.
    Cette variété de traitements créé des rythmes riches de lignes, de matériaux, de profondeurs, d'ombres, de lumières...
    L'articulation du mur plein qui marque l'angle principal sur l'avenue et le décollement du plan perpendiculaire avec les balcons superposés des loggias, est bien étudiée. Le couronnement de l'immeuble en toit terrasse par une poutraison qui apparaît com- me une pergola se découpant dans le ciel, parachève ce travail d'effets plastiques.
    D'après le témoignage de Gaston MÜLLER, la couleur verte des allèges des murs rideaux résulte d'une erreur de fourniture. Celle choisie par son père était plus bleue. Presque tous les logements bénéficient de balcons et sont bien éclairés. Les T3 et T4 ont une double orientation et souvent deux balcons dont un relie une chambre au séjour.
    En anecdote, Madame Mauguière, devenue veuve et trop âgée pour habiter sa maison face à la Loire, fidèle à son architecte, a occupé par la suite un logement dans cet immeuble. En 1987, elle a demandé à Gaston MÜLLER de lui réaménager un T4 en supprimant une chambre pour agrandir le séjour et modifier la salle de bain. Elle a pu ainsi retrouver des éléments d'architecture connus dans sa maison comme le modèle de l'escalier du hall, la conception de la cuisine, le dessin des garde-corps des balcons.

Immeuble d’habitation S.I. “R.R.R.”

La modernité réside dans la nature et la vocation de l’édifice, plus que dans une apparence épurée déjà adoptée par de nombreux immeuble de l’entre-guerres, notamment à Paris - le progrès arrive généralement avec un temps de retard en province.

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  • Architecture
  • Thème(s)
  • Architecture moderne et contemporaine
    Habitat
  • Adresse
  • 26bis Rue Pierre-Bérégovoy
    58000 - NEVERS
  • Concepteur(s)
  • MULLER Otto - architecte
  • Période
  • 20e siècle (1963)
  • Présentation
  • Architecture du XXe de la Nièvre

    Une publicité non datée concernant la vente des logements de cet immeuble met en avant le caractère innovant des équipements de ces appartements « aménagés luxueusement » : salles de bains entièrement agencées, ascenseur, vidoir à ordures, chauffage central, service d’eau chaude... La brochure souligne également les avantages fiscaux alors induits par la copropriété (exonération de l’impôt foncier pendant quinze ans...). En outre, la distribution a été étudiée afin d’autoriser les modifications demandées par les acheteurs. La présence de studios témoigne d’une nouvelle prise en compte des personnes vivant en célibat. Le dessin diffère quelque peu de la réalisation définitive, peut-être un peu plus tardive compte-tenu de l’abandon de certains détails art-déco. Le jeu sur les pleins et les vides animant la façade permet aux résidents de disposer d’un balcon couvert. La modernité réside dans la nature et la vocation de l’édifice, plus que dans une apparence épurée déjà adoptée par de nombreux immeuble de l’entre-guerres, notamment à Paris - le progrès arrive généralement avec un temps de retard en province.

    Extrait du Guide d'architecture en Bourgogne 1893-2007- Éditions Picard -  2008

     

Villa de M. Drugeon

La Nièvre possède sur son territoire un ensemble unique de réalisations des années 1960. L’architecte d’origine suisse Otto Muller y a en effet édifié des constructions homogènes et d’une grande qualité, principalement sous la forme de maisons individuelles. Celles-ci témoignent d’une approche sensible et subtile, où la qualité des espaces à vivre se double d’une réussite plastique évidente.

58
  • Architecture
  • Thème(s)
  • Architecture moderne et contemporaine
    Habitat
  • Adresse
  • 42 Rue Molière
    58000 - NEVERS
  • Concepteur(s)
  • MULLER Otto - architecte
  • Période
  • 21e siècle (1965)
  • Présentation
  • Architecture du XXe de la Nièvre

    La Nièvre possède sur son territoire un ensemble unique de réalisations des années 1960. L’architecte d’origine suisse Otto Muller y a en effet édifié des constructions homogènes et d’une grande qualité, principalement sous la forme de maisons individuelles. Celles-ci témoignent d’une approche sensible et subtile, où la qualité des espaces à vivre se double d’une réussite plastique évidente. Muller est exactement dans son époque : il sait combiner les matériaux et les volumes, utiliser la couleur de façon pertinente, préserver l’intimité tout en ouvrant en maximum les bâtiments sur l’extérieur... Une caserne de pompiers et une crèche complètent à Nevers cette œuvre d’une grande cohérence, incarnant une modernité fonctionnelle et pleine d’optimisme. Otto Muller est arrivé à Nevers en 1923 après avoir effectué ses études à l’Ecole polytechnique de Lausanne. Il y exerça jusqu’en1968. Sa production d’avant-guerre est peu connue, caractérisée surtout par des réalisations sobres. Après la guerre, on note un pic d’activité dans les années 1960 : il répond à une commande de logements groupés pour l’usine Kléber à Decize, ainsi qu’à de nombreuses demandes pour des maisons privées, essentiellement pour des commanditaires aisés de Nevers. Son fils Gaston l’assista à partir de la seconde moitié des années 1950. Ces différentes maisons, d’ailleurs plus proches de l’appellation de «villas» compte-tenu de leur richesse conceptuelle et de leur destination sociale et symbolique, ont des caractéristiques communes. Dans un esprit d’écoute qui place le client et son mode de vie au centre du projet - une démarche peu fréquente avant la guerre - l’architecte part des besoins et préoccupations élémentaires des futurs habitants pour élaborer son programme. La qualité de l’éclairage et la fluidité des circulations apparaissent à travers les innombrables ouvertures animant les façades (baies coulissantes, portes-fenêtres) ou apportant une transparence à l’intérieur de la maison (patios, claustras). L’élancement horizontal des espaces est souligné par le prolongement des planchers vers l’extérieur, et par les bandeaux formés par les balcons et l’acrotère. Un jeu très étudié sur les pleins ou les vides creuse les volumes, les évide pour faire rentrer la lumière ou aménager un balcon, une galerie ou une loggia. Les matériaux participent à la dissociation visuelle des différentes parties : les murs de pierres, souvent réservés au soubassement, contrastent avec le béton recouvert d’un enduit blanc ; la brique en parement vient marquer parfois la massivité d’un mur tout en mettant en valeur la structure. L’importance des performances thermiques et acoustiques, le respect du budget semblent également avoir été des constantes dans le travail de Muller. Enfin, une attention particulière est accordée aux cheminements, en particulier pour les maisons construites à flanc de coteau rue des Saulaies, où des terrasses et paliers successifs séquencent et gravissement de la pente. Cette mise en scène est renforcée par l’immersion dans la verdure, la vue plongeante sur la Loire et une exposition privilégiée au sud. Ces constructions sont le reflet de la profonde évolution qui se manifeste à partir des années 1950 dans l’architecture privative : véhiculé par les revues et les salons auprès d’un large public, un goût inédit pour l’innovation et l’american way of life se diffuse, engendrant des transformations qui affectent l’organisation même de la maison. Ces changements sont plus ou moins radicaux, en raison de la réticence à abandonner certains usages comme la très cérémoniale salle à manger; mais on observe que celle-ci communique par exemple dans la maison n° 9 directement avec le living-room et la cuisine, de laquelle elle n’est séparée que par un bar ; dans la n° 8, elle disparaît complètement au profit d’une unique pièce divisée en salon et living, la cuisine étant pourvue d’un coin repas ; dans la n° 7, le living devient une pièce essentielle occupant la majeure partie du rez-de-chaussée. Le séjour, véritable pièce de vie, apparaît sous des appellations changeantes. La distribution n’est plus considérée comme un enchaînement de pièces hiérarchisé et linéaire, mais plutôt comme un lieu de séjour et de parcours organique et dynamique. Dans la n° 10, l’implantation sur un terrain légèrement pentu a conduit l’architecte à exploiter les différences de niveaux: les étages sont ainsi franchis par des courtes volées d’escaliers qui génèrent une appréhension différente des circulations. Si l’on cherche à créer des espaces flexibles, on réfléchit également sur la séparation et la spécialisation de certaines fonctions, comme les chambres ou pièces réservées aux enfants. Ce désir de fonctionnalité, d’autant plus justifié que les surfaces ont généralement une taille moyenne, transparaît également dans les rangements, déjà prévus sur les plans, ou la concentration des réseaux de fluides comme dans le système de dalles flottantes régulièrement utilisé par Otto Muller. Les équipements intégrés se multiplient, comme l’évier accompagné de nombreux placards. Le décor appliqué en façade ou à l’intérieur disparaît, au profit par exemple d’une mise en valeur de certains éléments structuraux : ce sont les matériaux et les aplats de couleur qui définissent les surfaces et accentuent le relief. Ce sens aigu de la polychromie élargit le champ des couleurs primaires, notamment utilisées avant et après la guerre par Le Corbusier, à une palette plus large : Muller utilise essentiellement le vert olive, le rouge-orangé et le bleu ciel pour égayer façades et intérieurs. Bien que chacune de ces réalisations ait fait l’objet d’une étude contextuelle et programmatique poussée, on notera au sein de cette remarquable production la présence de deux maisons strictement jumelles (parmi les plus conventionnelles) à Nevers (rue de Chailloux) et dans les environs de Decize. Extrait du Guide d'architecture en Bourgogne 1893-2007 - Éditions Picard - 2008

Villa de M. Zaremba

La Nièvre possède sur son territoire un ensemble unique de réalisations des années 1960. L’architecte d’origine suisse Otto Muller y a en effet édifié des constructions homogènes et d’une grande qualité, principalement sous la forme de maisons individuelles. Celles-ci témoignent d’une approche sensible et subtile, où la qualité des espaces à vivre se double d’une réussite plastique évidente.

58
  • Architecture
  • Thème(s)
  • Architecture moderne et contemporaine
    Habitat
  • Adresse
  • 20 Rue Du Général-Lespinasse
    58000 - NEVERS
  • Concepteur(s)
  • MULLER Otto et Gaston - architectes
  • Période
  • 20e siècle (1972)
  • Présentation
  • Architecture du XXe de la Nièvre

    La Nièvre possède sur son territoire un ensemble unique de réalisations des années 1960. L’architecte d’origine suisse Otto Muller y a en effet édifié des constructions homogènes et d’une grande qualité, principalement sous la forme de maisons individuelles. Celles-ci témoignent d’une approche sensible et subtile, où la qualité des espaces à vivre se double d’une réussite plastique évidente. Muller est exactement dans son époque : il sait combiner les matériaux et les volumes, utiliser la couleur de façon pertinente, préserver l’intimité tout en ouvrant en maximum les bâtiments sur l’extérieur... Une caserne de pompiers et une crèche complètent à Nevers cette œuvre d’une grande cohérence, incarnant une modernité fonctionnelle et pleine d’optimisme. Otto Muller est arrivé à Nevers en 1923 après avoir effectué ses études à l’Ecole polytechnique de Lausanne. Il y exerça jusqu’en1968. Sa production d’avant-guerre est peu connue, caractérisée surtout par des réalisations sobres. Après la guerre, on note un pic d’activité dans les années 1960 : il répond à une commande de logements groupés pour l’usine Kléber à Decize, ainsi qu’à de nombreuses demandes pour des maisons privées, essentiellement pour des commanditaires aisés de Nevers. Son fils Gaston l’assista à partir de la seconde moitié des années 1950. Ces différentes maisons, d’ailleurs plus proches de l’appellation de «villas» compte-tenu de leur richesse conceptuelle et de leur destination sociale et symbolique, ont des caractéristiques communes. Dans un esprit d’écoute qui place le client et son mode de vie au centre du projet - une démarche peu fréquente avant la guerre - l’architecte part des besoins et préoccupations élémentaires des futurs habitants pour élaborer son programme. La qualité de l’éclairage et la fluidité des circulations apparaissent à travers les innombrables ouvertures animant les façades (baies coulissantes, portes-fenêtres) ou apportant une transparence à l’intérieur de la maison (patios, claustras). L’élancement horizontal des espaces est souligné par le prolongement des planchers vers l’extérieur, et par les bandeaux formés par les balcons et l’acrotère. Un jeu très étudié sur les pleins ou les vides creuse les volumes, les évide pour faire rentrer la lumière ou aménager un balcon, une galerie ou une loggia. Les matériaux participent à la dissociation visuelle des différentes parties : les murs de pierres, souvent réservés au soubassement, contrastent avec le béton recouvert d’un enduit blanc ; la brique en parement vient marquer parfois la massivité d’un mur tout en mettant en valeur la structure. L’importance des performances thermiques et acoustiques, le respect du budget semblent également avoir été des constantes dans le travail de Muller. Enfin, une attention particulière est accordée aux cheminements, en particulier pour les maisons construites à flanc de coteau rue des Saulaies, où des terrasses et paliers successifs séquencent et gravissement de la pente. Cette mise en scène est renforcée par l’immersion dans la verdure, la vue plongeante sur la Loire et une exposition privilégiée au sud. Ces constructions sont le reflet de la profonde évolution qui se manifeste à partir des années 1950 dans l’architecture privative : véhiculé par les revues et les salons auprès d’un large public, un goût inédit pour l’innovation et l’american way of life se diffuse, engendrant des transformations qui affectent l’organisation même de la maison. Ces changements sont plus ou moins radicaux, en raison de la réticence à abandonner certains usages comme la très cérémoniale salle à manger; mais on observe que celle-ci communique par exemple dans la maison n° 9 directement avec le living-room et la cuisine, de laquelle elle n’est séparée que par un bar ; dans la n° 8, elle disparaît complètement au profit d’une unique pièce divisée en salon et living, la cuisine étant pourvue d’un coin repas ; dans la n° 7, le living devient une pièce essentielle occupant la majeure partie du rez-de-chaussée. Le séjour, véritable pièce de vie, apparaît sous des appellations changeantes. La distribution n’est plus considérée comme un enchaînement de pièces hiérarchisé et linéaire, mais plutôt comme un lieu de séjour et de parcours organique et dynamique. Dans la n° 10, l’implantation sur un terrain légèrement pentu a conduit l’architecte à exploiter les différences de niveaux: les étages sont ainsi franchis par des courtes volées d’escaliers qui génèrent une appréhension différente des circulations. Si l’on cherche à créer des espaces flexibles, on réfléchit également sur la séparation et la spécialisation de certaines fonctions, comme les chambres ou pièces réservées aux enfants. Ce désir de fonctionnalité, d’autant plus justifié que les surfaces ont généralement une taille moyenne, transparaît également dans les rangements, déjà prévus sur les plans, ou la concentration des réseaux de fluides comme dans le système de dalles flottantes régulièrement utilisé par Otto Muller. Les équipements intégrés se multiplient, comme l’évier accompagné de nombreux placards. Le décor appliqué en façade ou à l’intérieur disparaît, au profit par exemple d’une mise en valeur de certains éléments structuraux : ce sont les matériaux et les aplats de couleur qui définissent les surfaces et accentuent le relief. Ce sens aigu de la polychromie élargit le champ des couleurs primaires, notamment utilisées avant et après la guerre par Le Corbusier, à une palette plus large : Muller utilise essentiellement le vert olive, le rouge-orangé et le bleu ciel pour égayer façades et intérieurs. Bien que chacune de ces réalisations ait fait l’objet d’une étude contextuelle et programmatique poussée, on notera au sein de cette remarquable production la présence de deux maisons strictement jumelles (parmi les plus conventionnelles) à Nevers (rue de Chailloux) et dans les environs de Decize. Extrait du Guide d'architecture d'architecture en Bourgogne 1893-2007 - Éditions Picard - 2008